loader image

La dimension émotionnelle dans la relation de coaching

Explorons en quoi il est essentiel de préserver notre équilibre intérieur.

La gestion de nos émotions se trouve au coeur de notre relation et de notre expertise, qui nous aide nous les coachs, à développer et à maintenir un état d’esprit ouvert, curieux, flexible et centré sur le client (Compétence 2 ICF), ainsi qu’à être pleinement présents (Compétence 5 ICF). Mais il y a bien plus à explorer encore !

La dimension émotionnelle dans le coaching professionnel est un sujet qui me passionne profondément. Elle était d’ailleurs le thème central d’un article de recherche que j’ai rédigé lors de ma certification de superviseur : «la dimension émotionnelle dans la dynamique relationnelle de la supervision individuelle». Un focus qui présente de nombreuses similitudes de la relation coach et coaché.

Aujourd’hui, je partage avec vous quelques réflexions, issues de mes recherches, qui pourraient éclairer le rôle crucial des émotions dans la relation de coaching. Et je vous donne quelques clés pour vous aider à réguler votre système émotionnel.

Les émotions au coeur de la relation de coaching

Pourquoi vos émotions sont importantes dans la relation de coaching ?

Les émotions que vous éprouvez jouent un rôle fondamental dans la dynamique et l’efficacité de votre relation de coaching. Elles ne sont pas seulement des réactions, mais des outils puissants qui, bien compris et gérés, peuvent influencer votre pratique.

1- Les émotions comme mécanisme de protection
Les émotions réagissent comme des réflexes pour nous protéger. Certaines situations viennent activer des empreintes du passé et donc des réactions. Par exemple, la peur pour se protéger du danger, la colère pour se défendre d’un obstacle, la tristesse pour se rassurer d’une perte. Les émotions sont le puits de notre richesse en terme de croissance personnelle et professionnelle. Bloquer ou nier l’émotion n’aide pas à comprendre ce qui se passe. Au contraire, cela ne fera qu’empirer.

2 – Les émotions influencent la qualité de la relation, des comportements et actions
Vous le savez, les émotions négatives provoquées par le stress, une situation particulière, ou tout simplement pour avoir ignorer ses besoins psychologiques peuvent dégrader la relation à l’autre.
A contrario, plus nous jouons avec les émotions positives, plus nous abordons les situations complexes sous un autre regard avec audace et confiance.
Il est donc important de rester vigilant à l’influence de notre système émotionnel dans notre relation avec le coaché pour ne pas le limiter dans ses choix et actions. Par exemple, si le client ressent une peur en vous, il peut décider de ne pas oser. Le résultat : vos propres limites deviennent ses limites.

3 – Les émotions veulent nous dire quelque chose
Tout est lié pour être en complétude : nos émotions, notre mental et notre corps.
Les émotions s’expriment par des sensations dans notre corps avant d’être mentalisées, et déclenchent nos comportements et attitudes.

Si nous revenons sur les 3 émotions nommées plus haut :
Colère –> chaleur ressentie dans le corps, tension sanguine … –> Action  : se défendre, changer la situation
Peur –> froid ressenti dans le corps, tension musculaire, douleurs dans le ventre… –> Action : évitement, prudence, ..
Tristesse –> gorge serrée, abattement, ..—> Action : recherche de réconfort, de consolation

Aussi, pour vous coachs, ressentir ce qui se passe en vous est un levier formidable à partager avec votre client. Vos émotions vous disent quelque chose. Quelque chose résonne en vous, vous êtes la caisse de résonance. Plus votre propre système interne est au beau fixe, plus vous allez à la rencontre de votre client dans ses émotions.

Les émotions, notre boussole pendant la séance de coaching

D’après le sociologue Randall Collins, toute relation entre des personnes est un rite d’interaction afin de créer une énergie émotionnelle qui les lient pendant leur expérience commune. Selon Collins, ces rites sont des mécanismes qui fixent l’attention sur une émotion afin de créer une réalité partagée. Cette nouvelle réalité serait temporaire mais servirait à générer des sens et des symboles lors de la présence corporelle. Selon moi, la création de cette énergie émotionnelle, en coaching ou supervision prendrait naissance en amont de la séance pendant la phase pré-contact du cycle du contact en Gestalt  où chaque coach se prépare et se met en condition d’accueil du client puis dès la mise en lien et la création de l’alliance où énergies et engagements se lient.

Je dirais que rester en contact avec ses émotions, c’est avoir sa boussole interne d’interaction pour mesurer et ne pas s’éloigner de ce qui est présent dans la relation de coaching. Elle permet d’explorer et d’ouvrir la compréhension sur ce qui survient pendant la séance, d’identifier et de comprendre les émotions/réactions du client dans son contexte et système.

L’enjeu pour nous, les coachs, est donc de prêter attention à l’évolution de cette connexion émotionnelle et énergétique tout au long de la séance, dans les différentes phases du cycle du contact qui engagent des niveaux émotionnels et énergétiques différents.

Utiliser nos compétences-clés dans la dimension émotionnelle du coaching

Comment utiliser de manière concrète nos compétences-clés de coach professionnel pendant la séance 

  1. Créer la confiance et l’intimité dans un environnement sûr : c’est établir une relation de confiance avec le client, pour favoriser l’ouverture émotionnelle sans crainte de jugement, impliquant cet espace sécurisé et sécurisant pour explorer les émotions et les pensées les plus profondes.
  2. Présence attentive : c’est être pleinement dans l’instant présent et attentif aux émotions c’est-à-dire percevoir et comprendre les émotions en présence, même si celles-ci ne sont pas exprimées verbalement et apparaissent dans le non-verbal.
  3. Écoute active : c’est être capable de détecter dans le langage (verbal, non verbal) les émotions c’est-à-dire se connecter étroitement avec le client pour comprendre ses émotions qui sous-tendent les défis pour répondre aux objectifs.
  4. Mettre de la conscience : c’est aider le client à prendre conscience des émotions refoulées, des émotions « racket », des schémas émotionnels qui pourraient être limitants. C’est l’accompagner à réfléchir aux réactions émotionnelles face aux situations, qui influencent les pensées, les actions, les choix et les décisions.
  5. Faciliter le changement émotionnel : c’est guider son client dans la traversée des émotions fortes. L’aider à traverser la « grande vague » pour trouver l’apaisement et s’ouvrir au renouveau.
  6. Posture basse et communication efficace : c’est transmettre de l’empathie, être sensible aux réactions, encourager et faciliter l’expression émotionnelle, poser des questions ouvertes qui invitent le client à explorer son puit émotionnel pour favoriser une réflexion plus approfondie et une compréhension mutuelle.

La métacommunication émotionnelle

La métacommunication est la capacité de communiquer sur les émotions. Elle englobe les signaux non verbaux, le ton de la voix, les expressions faciales, et d’autres formes de communication non directe.

  1. Clarification des messages : La métacommunication aide à clarifier les messages émotionnels qui peuvent renforcer ou modifier le sens des mots prononcés. Par exemple, une affirmation dite avec un ton chaleureux peut être perçue comme encourageante, tandis que la même phrase dite avec un ton froid peut sembler critique.
  2. Détection des incongruences : Parfois, ce que le client dit ne correspond pas à la façon dont il le dit. La métacommunication permet de détecter ces incongruences entre le contenu verbal et non verbal, offrant des indices cruciaux sur les véritables sentiments ou pensées du client. Par exemple, le client exprime une situation dramatique avec un grand sourire.
  3. Facilitation de l’auto-réflexion : En discutant de la manière dont les messages sont reçus et perçus, la métacommunication permet de renforcer la compréhension mutuelle, la clarification de la situation et l’optimisation des échanges interpersonnels.

La posture du coach dans l’environnement émotionnel du client

Nous avons le rôle de réceptacle pour accueillir les émotions des clients.

Pour être ce réceptacle, nous devons être disponibles, capables de réguler notre propre système émotionnel pour être flexible émotionnellement et accueillir l’instant présent afin d’adapter notre réaction émotionnelle aux besoins du client et de sa situation.

Notre posture d’accueil, de bienveillance, de réceptacle émotionnel est la résultante d’une relation d’intimité. Notre réponse contribue à un sentiment de compréhension, de validation et de sécurité émotionnelle pour permettre au coaché, en toute confiance, une exploration plus approfondie de ce qui se passe pour lui, de ce qui le « traverse » (dans l’instant présent et/ou dans la situation qu’il apporte en coaching) pour permettre l’émergence de nouveaux apprentissages au regard de l’atteinte de l’objectif.

Nos propres émotions peuvent aussi influencer celles de nos clients. Prendre en compte et préserver son système émotionnel est crucial et indispensable. C’est un travail sur soi, ses réactions face aux situations, une connaissance de soi et de ses fonctionnements nécessaire pour maintenir une posture professionnelle.

L’équilibre émotionnel crucial dans notre métier

Mettre en place des stratégies personnelles est indispensable afin de réguler ses émotions et maintenir un état émotionnel constructif pour :

  • ne pas confronter ses propres émotions et celles du client.

  • être dans une écoute intérieure permanente et rester dans l’instant présent, disponible et concentrée sur le client

  • accueillir les émotions du client tout en conservant la distance pour ne pas se laisser dépasser, ni accabler

  • se préserver de l’épuisement professionnel

  • conserver sa capacité objective et son énergie de coach attitude

14 juin 2024
Installed by Li-Nó Design
X